Comme une terre promise
- Carsten Sprotte
- 30 nov. 2022
- 3 min de lecture

Quelques-uns parmi vous qui connaissent des particularités de mon passé comprendront la signification de l’expression “entrer dans la terre promise”.
Ce passé est désormais bien derrière moi, et j’ai à présent la liberté de revendiquer une autre signification pour cette expression. Cette terre dans laquelle je suis entré ne m’a jamais été promise en tant que telle, et pourtant je la reçois avec gratitude, comme si elle l’avait été. C’est une gratitude au sens le plus vaste, sans bienfaiteur nommé, à l’exception de mes parents décédés. Ils auraient été inquiets, mais aussi heureux, de cette terre promise. En s’éteignant, ils ont laissé leurs soucis à la porte et ont ouvert la voie à des ambitions qui dépassaient peut-être leurs croyances.
Cette “terre promise”, que j’ai longtemps cherchée et que j’ai maintenant trouvée, ne m’appartient que dans un sens juridique. Depuis quand la Terre, ou quelque portion que ce soit, appartient-elle vraiment à quelqu’un ? Une telle prétention perpétuelle n’est rien de plus qu’une illusion continue. La plupart des peuples “autochtones” avaient au moins l’intelligence de comprendre cela.
Cette “terre promise” que, par convention, j’appelle désormais la mienne n’est pas celle qui m’a été promise ; c’est celle pour laquelle je fais une promesse. Et voici ma promesse : aligner ma vie et mes ressources avec ma vision d’un monde transformé.
Face à la trajectoire alarmante de notre monde, je pense souvent que si nous pouvions seulement donner à nos enfants une vraie chance de se battre, ce serait déjà un succès en soi. Mais aucun engagement tiède ne permettra le changement radical nécessaire. Ces changements surviendront-ils ? C’est un pari.
Dans notre incertitude, je crois que nous devons poursuivre de tout cœur un monde plus beau que nos cœurs savent possible*. Une fois que notre cœur commence à habiter cette terre, elle devient déjà à moitié réalité.
Maintenant, après tant d’années de pensées et de paroles, le temps de la manifestation est arrivé. J’ai saisi ma chance d’établir une nouvelle terre, et d’instituer une forme de souveraineté. Dans CETTE terre, aucun mal ne surviendra si je peux l’en empêcher. Je possède désormais 20 hectares de pierre, de terre, de bois et d’eau. Cela devrait suffire pour faire une déclaration plus forte que tous les mots. Ceux qui me connaissent savent à quel point “en les mots je crois”. Mais qui les lit vraiment, à part vous ?
Alors maintenant, je mets tout en jeu. Je prends un risque. Je ne veux pas que votre attention soit sur moi. Je veux qu’elle soit sur ce qui compte vraiment dans la vie… pour nous tous.
Dans ce monde, il y a des Russes et des Républicains, des Chinois et des Capitalistes, des Marxistes et des Musulmans, des Sociaux-Démocrates et des Serbes, des Israéliens et des Irlandais, des Catholiques et des Calvinistes. Chaque catégorie contient son microcosme d’humanité, du meilleur au pire. Tous ces groupes chérissent des notions telles que la liberté et la justice, la paix et la prospérité, et pourtant tous sont divisés sur ces mêmes notions. Toute cette agitation deviendra bientôt sans importance sans un effort commun pour préserver les conditions de la vie humaine sur terre. La planète peut très bien se passer des humains, mais l’inverse n’est pas vrai.
Nous avons tendance à penser que tous que les gouvernements DEVRAIENT faire ceci ou cela, en particulier les gouvernements démocratiques et les nations riches. Beaucoup sont exaspérés par l’inaction des gouvernements et découragés par notre sentiment d’impuissance. Le point de basculement de ce découragement, c’est de comprendre que le changement nécessaire ne viendra que d’initiatives à petite échelle qui se multiplient, hors de tout contrôle gouvernemental. Il est difficile de croire que ces initiatives se répandront suffisamment, mais c’est précisément cela, le miracle. Ce n’est pas exactement un miracle, mais plutôt un phénomène spontané, imprévisible. Il échappe à tout contrôle, et c’est justement pour cela qu’il pourrait fonctionner.
C’est pourquoi j’ai fondé Cantobria : pour déclarer par plus que des mots où je me tiens. Ma position n’est plus pour ou contre les communistes ou les capitalistes, les conspirateurs ou les conspirationnistes, ceci ou cela. Ma position est pour la VIE au sens le plus large, un sens qui seul peut unir. Il existe un niveau de conscience sur lequel les humains peuvent s’unir. Ils s’unissent simplement en réalisant que la séparation n’est qu’une illusion. Cette conscience doit émerger en chacun de nous, puis nous rassembler dans des lieux particuliers, puis se multiplier dans d’autres lieux semblables, jusqu’à ce que le visage de l’humanité commence à changer visiblement.
Cantobria est ma “terre promise”, et c’est ma promesse d’accueillir ceux qui sentent son appel.
Voyez plus de photos de ma terre promise via ce lien.
Ce post est une sorte de suite à un précédent intitulé “Mon rêve de Thanksgiving”.
*“Un monde plus beau que nos cœurs savent possible” est tiré du livre de Charles Eisenstein portant ce titre.
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